Le soleil est de nouveau de la partie ce matin, et durera toute la journée, nous frôlons les 40°. Les routes hongroises (jusqu'à présent) sont mauvaises, il y a beaucoup de nids de poule et de bosses, il faudra une certaine dose de concentration à mon pilote pour ne pas nous entraîner dans une chute. Nous passons des chemins de terre un peu boueux et manquons à plusieurs reprises de glisser avec le vélo et toutes les sacoches. C'est bien la route de l'eurovélo 6 que nous empruntons. Nous ne croisons plus beaucoup de cyclo, un ou deux peut être.

 

Il nous est nécessaire de remplir les gourdes à plusieurs reprises tellement nous buvons sous cette intense chaleur. Il est possible que chacun de nous ai bu l'équivalent de 4 litres, mais c'est au moins toute la quantité que nous avons transpiré.

 

Les routes boueuses vont laisser place à la grande route, nous circulons maintenant à côté des voitures, qui ne gardent pas forcément leurs distances de sécurité.

 

Les choses deviennent difficiles lorsque nous entamons notre première montée, nos cuisses chauffent, nos corps transpirent et nos respirations sont haletantes. Nous longeons la voie ferrée et l'envie de prendre le train est forte, Jojo en rigole et me fais la proposition plusieurs fois. Il est épuisé. Il ralenti la cadence et pour l'aider à continuer et parce que ça m'oblige a appuyer plus fort sur les pédales, je lui dirai « ne t'arrête pas, on y est presque. ». Je suis, moi aussi, épuisée, et ai la sensation d'avoir atteint des capacités physiques dont je n'avais pas connaissance. Je sais que je mets moins de force sur les pédales mais c'est là que nous voyons nos différences face à des épreuves physiques. Les blagues qu'on m'a souvent faites résonnent dans ma tête : " Ça va t'es tranquille toi , c'est lui qui pédale... tu peux te reposer !" Mon cul ouai ! :)

 

Je sers les dents, et je continue de monter cette putain de côte. Je n'ai pas à me plaindre, j'ai choisi de partir en tandem, avec les côtés positifs mais aussi négatifs que cela comporte et il est normal parfois d'arriver à des situations compliquées, qui demandent aussi de se remettre en question sur nos objectifs et nos capacités.

 

Nous arrivons à Tarjan au bout de nos vies, après 85km et avec une envie folle de dormir. Malheureusement, nous pensions être au calme sur le terrain de jeu du village, comme lorsque nous le faisions en Allemagne mais des groupes d'enfants se succéderont jusqu'à la tombée de la nuit. Nous hésitons à dormir ici mais il est tard, nous ne nous voyons pas pédaler de nouveau aujourd'hui. On installera le campement sous des grands arbres, à l'abri des regards, sous une chaleur assommante.

 

Plus d'une heure plus tard, le vent s'engouffre dans la tente et dans les feuilles des arbres et nous entendons le tonnerre qui gronde. L'emplacement est très mal choisi, nous laisserons l'ensemble de nos affaires pour ne prendre que la sacoche importante et nos manteaux , et iront nous « cacher » sous le porche de ce que nous pensons être une salle de sport . Nous attendons patiemment que l'orage passe. On s'endort presque mais il fait froid. Plus d'une heure plus tard, les éclairs s’éloignant, nous rejoignons la tente.

 

Il pleuvra une bonne partie de la nuit. Le soleil se lèvera vers 5h, impossible pour moi de me rendormir.