Ce soir, nous savons où dormir , et allons chez un warmshower hongrois. J'ai hâte de découvrir la culture et la façon de vivre hongroise de l'intérieur et avoir une image fondée de ce que je pense être la Hongrie.

 

En attendant, nous reprenons les routes hongroises sous un ciel maussade ce matin , et pluvieux cet après midi. Seul le spectacle des cigognes nichées qui nourrissent leurs bébés pourront nous ravir. Nous n'avons que 72km à faire ce jour et les feront assez facilement malgré le vent de face toute la matinée et la côte cet après midi à 10% sur quelques kilomètres. L'impatience, sans doute, de rencontrer nos hôtes. Nous arrivons à Miskolc un peu tôt et attendons un peu avant d'aller chez nos hôtes. Nous avons rendez-vous à 18h.

 

C'est un immeuble, ils habitent au 7ème étage et nous nous demandons s'il y aura un ascenseur pour monter le vélo ou s'il sera dans une cave.

 

A 18h, nous sonnons chez Laszlo et Agnès. Agnès, âgée d'une cinquantaine d'années, ouvre la porte et descendra avec son fils, Viktor, qui est un peu plus jeune que nous. Lui parle anglais, Agnès pas du tout. Ils nous montrent la cave, où déposer le vélo, en sécurité, puis montons tous les 4 dans l'ascenseur. Leur appartement me fait penser aux maisons et à la déco de nos parents il y a une vingtaine d'années. beaucoup de bibelots, de photos dans des vieux cadres et une déco assez vintage. Laszlo est encore au travail, il ne va pas tarder. En attendant son arrivée, une douche nous est proposée, que nous acceptons volontiers. Je propose mon aide à Agnès pour faire à manger, elle refuse. Laszlo rentre du travail et nous salue en français.Il parlera ensuite en Anglais, il me demande si je suis végétarienne, c'était écrit sur warmshower. Oups, Agnès a fait un gratin de pâtes avec de la viande, ce n'est pas grave, il y a une jolie salade composée que je mangerai. Elle s'empresse d'aller à la cuisine et me fera un gratin de pâtes sans viande. Je suis gênée mais ça semble lui tenir à cœur. La barrière de la langue est compliquée mais je sais dire merci en hongrois, et un sourire expressif suffira, je l'espère, a lui montrer toute ma reconnaissance. Viktor mangera avec nous et partira avant la fin du repas, il est à l'université et doit rentrer tôt.

 

Nos hôtes ne cesseront de nous proposer de nous resservir, encore et encore. Nous n'avons plus faim mais faisons honneur au plat, et au dessert.

 

La timidité de l'arrivée commence à disparaître et Laszlo se montrera bavard. C'est un homme très souriant et expressif. Malgré son niveau d'anglais plutôt faible, nous arriverons à comprendre, il fait beaucoup de gestes et de mimiques, à la façon Louis de Funès. Je lui en ferait part au cours de la soirée, il connaît, ça le fait beaucoup rire et Agnès semble d'accord avec ça.

 

Il fait du vélo, en général une 15ène de jours par an, il part seul et fait 2 000km ou plus , sur les routes d'Europe. Il est fou et rapide. Il est fan du tour de France et collectionne les gourdes lancées par les coureurs lors du tour. Il en a plus de 100. Il est déjà venu plusieurs fois voir le tour de France. Il fait aussi beaucoup de courses et dans son couloir trône une roue de vélo à laquelle est accroché un nombre incalculable de médailles.

 

Après le repas, ils nous proposent d'aller à un concert en plein air, pourquoi pas , ça nous fera découvrir. Ici, sur la place en face de la mairie, une grande scène avec un groupe « Budapest bar » , ils chantent en hongrois et jouent de l'accordéon. Laszlo dira qu'il a demandé aux musiciens de jouer pour nous car nous sommes là ce soir. « French Musique !! »

 

Nous rencontrons Judith, la meilleure amie d'Agnès. Elle est peintre et créatrice de bijoux en céramique notamment. Elle a les cheveux rouges, est coquette et joviale. Elle parle un peu français et Agnès semble avoir envie de nous poser beaucoup de questions, en passant par le biais de son amie. Laszlo est parti chercher des bières, dont une pour Jojo. Il est tellement adorable.

 

Nous danserons sur la musique hongroise, Lazslo m’entraînera dans une danse pendant que Judith et Jojo se trémousserons tranquillement. Agnès, réservée, se contentera de faire des petits sourires et des mouvements de tête. Nous passons la soirée avec eux, et c'est un moment vraiment agréable.

 

A la fin de la soirée, nous disons au-revoir à Judith. Elle détache le collier qu'elle a autour du cou et s'approche de moi, je ne peux pas refuser , elle l'a déjà passé autour de mon cou avant même que j'ai eu le temps de dire quoi que ce soit. Je sens ma gorge se serrer et les mots ne viennent pas. Je pense qu'à cet instant mon regard et ma main posée sur ce collier veulent dire bien plus que le son qui sort de ma gorge. Merci , merci beaucoup. Je prend ce cadeau comme une protection pour notre voyage. Comme si elle allait veiller sur nous par ce collier. Cette femme, que je ne connais que depuis 1h m'offre le collier qu'elle porte autour du cou et qu'elle a fait elle même … Impensable. J'aurai du mal à m'en remettre et suis à deux doigts de pleurer.

 

Sur le chemin du retour Laszlo demande à Agnès de faire des selfies de nous 4 , comme il l'a déjà fait pendant le concert.

 

Il m’entraînera à faire du piano en pleine rue, à courir sur la place... C'est un enfant, il me fait beaucoup rire. La barrière de la langue parfois peut vite tomber, simplement en s'amusant, en dansant, et en profitant de la vie.

 

Aujourd'hui je vais me coucher avec une image changée de cette Hongrie.

 

Je pense qu'on voit l'image d'un endroit en fonction de ses émotions, et de ce que l'on a envie d'en faire. Au début de la Hongrie nous étions fatigués et avons pu transmettre cette émotion dans des observations négatives et erronées. Quoi qu'il en soit, les Hongrois que nous venons de rencontrés ont été fabuleux, d'une gentillesse et d'une hospitalité sans limite et je suis heureuse d'avoir pu profiter de ces moments avec eux. Merci Lazslo, Agnès, Viktor et Judith de nous avoir ouvert les yeux sur la Hongrie et sur notre propre perception des choses.